Il
est rare qu’un écrivain explore la masculinité à partir d’une remise en
question personnelle, nourrie d’une conviction qu’une injustice historique est
faite aux femmes. Le plus souvent, les analyses relatives aux «causes
féministes» émanent de chercheuses engagées et concernées par les
discriminations. Cette fois c’est un homme, Ivan Jablonka, qui déconstruit dans
son nouvel ouvrage «Des hommes justes» (Editions du Seuil, Paris 2019) les représentations liées au
masculin et porte un regard très critique sur le modèle dominant. Il soutient
la possibilité d’en sortir en adoptant d’autres. «Il y a mille et une
façon d’être un homme (…). On peut concevoir un homme féministe, mais aussi un
homme qui accepte sa part de féminin, un homme que la violence et la misogynie
révulsent, un homme qui abandonne les rôles qu’on lui a fait endosser, un homme
sans l’autorité, l’arrogance, le privilège, la prétention de représenter
l’humanité tout entière».