dimanche 22 mars 2020

Confinement - Episode 2: Les confinées à perpétuité

Les confinements se suivent mais ne se ressemblent pas, aussi, les expériences sont autant singulières qu’il y a des confiné.e.s.

De là où je viens et sans doute dans de nombreux pays, l’expérience du confinement est éminemment féminine. Je peux affirmer que des millions de femmes ont été et sont encore aujourd’hui confinées parce qu’elles sont femmes, tandis qu’aucun homme ne l’a, à ma connaissance, été en raison de son genre.
Pour ma part, devoir rester entre quatre murs ne m’invite donc pas à convoquer des métaphores romantiques, mais suscite au contraire une sensation traumatogène d’une réclusion quotidienne non désirée vécue par des millions de mes semblables. Non pas que je remette en question le caractère impérieux du confinement d’un point de vue sanitaire, il réveille cependant en moi une peur archaïque de voir sévir de nouveau le fantôme du geôlier symbolique que je croyais avoir définitivement chassé. Dans cet entravement, cette limitation du mouvement, le sentiment d’asphyxie ne tient pas seulement de mon expérience personnelle. Je l’ai hérité de plusieurs générations de femmes que j’ai contemplées, aimées, plaintes, comprises, haïes parfois. Je n’avais pas choisi de porter leur fardeau jusqu’à ce que je réalise que leur condition était aussi la mienne.

Tableau de Aziza El Aabidi - Morocco, vu sur "Arab Women Artists"

mercredi 18 mars 2020

Confinement - Episode 1: Le temps suspendu

Avec une épidémie d’une virulence rare, l’annonce du confinement était inéluctable et on ne peut que l’approuver. 15 jours, peut-être plus, et voilà que le temps se suspend. Il se fige, comme si une guerre ou une catastrophe naturelle faisaient soudain irruption dans nos vies rythmées par le travail et une vie sociale et militante effrénées.
C’est comme un tsunami dont la grande vague encore lointaine ne nous permettait pas de mesurer le risque car le «nez dans le guidon», nous n’avons pas remarqué les vagues se retirant en signe annonciateur de l’apocalypse.