jeudi 4 mars 2021

De l’amour, l’exil, l’absence et la révolution: "Lettres à Samira" par Yassin Al-Haj Saleh

Elle, c’est Samira al-Khalil. Une Syrienne éprise de liberté et de justice. Deux valeurs antinomiques avec l’ADN politique de la dynastie assadienne de son pays, qui se nourrit du sang et des larmes de celles et ceux qui ont osé les ré-clamer. Samira en est une incarnation puisque son activisme au sein de la ligue de l’action communiste lui avait déjà valu sous Hafez el-Assad, plus de quatre années d’incarcération entre 1987 et 1991. En 2011, lorsqu’éclate la révolution syrienne, c’est sans peur et avec beaucoup d’espoir que Samira s’investit avec nombre de militant-e-s qui croyaient que l’heure de la délivrance avaient enfin sonné. En 2013, elle se réfugie dans la Ghouta de Damas, libérée du régime mais assiégée par ses troupes. Avec les compagnons déjà repliés sur place, elle se donne pour mission de documenter le quotidien des gens ordinaires sous le siège. 

Elle organise alors avec Razan Zaitouneh, avocate et fondatrice du Centre de documentation des violations des droits humains, Wael Hamadé l’époux de cette dernière et le poète et avocat Nazem Hammadi, des actions citoyennes et humanitaires pour résister au siège et à la peur. De sa qualité principale, son ancienne co-détenue et amie Wejdan Nassif dira: « Le soin, c’est ce qui caractérise le mieux Samira. Prendre soin, s’occuper des autres, leur apporter soutien et énergie, c’est ce qu’elle m’a également exprimé, tout au long de notre histoire d’amitié et de camaraderie. Samira est la dame des petits détails qui rendent la vie supportable.»

Lui, c’est Yassin al-Haj Saleh. Un Syrien épris de liberté et de justice. À cause de cela, il a subi la torture sous le régime de Hafez el-Assad et un emprisonnement qui lui a ôté 16 des plus belles années de sa jeunesse, pour son appartenance au parti communiste – bureau politique. Sa rencontre avec Samira a scellé l’union de trajectoires de deux âmes jumelles, avides de célébrer la vie et rattraper le temps perdu. 

C’est l’histoire d’une fleur bleue…

Attachée de presse dans une maison d’édition, Adélaïde mène une vie de femme émancipée. Après bien des années de vie de couple, elle sent cependant son cœur muer et les derniers lambeaux d’amour pour son compagnon se volatiliser. Elle décide alors de divorcer pour offrir à son cœur à la peau neuve d’autres émois.

Passé les premiers moments où elle redécouvre les petits plaisirs de la vie en solitaire dans un espace qui n’appartient qu’à elle et son chat, Adélaïde, entourée de ses amies part en quête de nouvelles sensations, à la conquête de cœurs à prendre. C’est alors, et après maintes déconvenues, qu’elle réalise que les probabilités pour une femme de rencontrer l’âme sœur s’amenuisent à mesure que celle-ci avance en âge. Aujourd’hui, elle devient un produit obsolète, la régression la guette. Elle est assujettie. « C’est l’histoire d’une fleur bleue, qui se dessèche coincée, entre deux pages.  (…) une femme qui a quarante-six ans voit disparaître l’aura qu’elle avait jeune fille ».