Le dernier récit que nous livre l’écrivaine Fawzia Zouari s’apparente à un long voyage trouvant sa source dans les territoires de l’enfance et du féminin. Le corps des femmes constitue la trame principale sur laquelle vont venir se déposer des souvenirs, des peurs, de la cruauté, de l’affection et de la nostalgie.
De sa Tunisie natale, plus précisément de son village, Ebba, l’autrice se raconte, enfant au lendemain de l’indépendance, dans cet entre-deux encore imprégné de présence coloniale et en transition vers un destin aux promesses multiples. Le sien la mènera de l’autre côté de la Méditerranée par un chemin qui relève du miracle tant les obstacles à l’être femme étaient innombrables à l’époque.À Ebba, l’espace privé et l’espace public étaient strictement délimités. «Le monde se divisait en deux dans mon village. Il y avait les femmes avec leurs silhouettes ajourées, leurs incantations, leurs douleurs, leurs pouvoirs domestiques mais aussi leur mystère nimbé de silences perfides et de larmes. Et il y avait les hommes régnant à l’extérieur, complexes, aventureux, puissants, imprévisibles.»