vendredi 6 janvier 2012

La Ligue Arabe: mission impossible?

Depuis une dizaine de jours, des observateurs arabes sont en mission en Syrie. Chargés de rédiger un rapport sur l’application du protocole entre la Ligue Arabe et la Syrie, ils devraient le rendre à l’occasion d’une réunion qui aura lieu au Caire ce samedi 7 janvier 2012. Nadia Aissaoui et Ziad Majed pour Mediapart.fr

La mission des observateurs arabes en Syrie suscite de nombreuses controverses dans les médias. Elles visent en particulier le chef de la délégation, M. Al-Dabi, un général soudanais qui avait servi au Darfour lors des affrontements et des massacres. Ce dernier a fini par nier avoir révélé aux journalistes que la situation était « rassurante ». De son côté, M. Al-Arabi, secrétaire général de la ligue arabe a déclaré que les autorités syriennes coopéraient avec la mission alors que les faits et l’émotion visible des observateurs rencontrant des citoyens contredisent ce propos (voir vidéos plus bas).

Sur le terrain, la répression n’a pas diminué. Depuis l’arrivée des observateurs, plus de 380 syriens ont été tués par l’armée et les forces de sécurité (dont une soixantaine dans les dernières 48 heures). Même si les bombardements dans certaines régions ont cessé (comme à Homs ou à Edlib), les snipers et les patrouilles ouvrent le feu régulièrement sur les manifestants. Près de 800 personnes ont été arrêtées et autant de prisonniers et détenus libérés.


Le Conseil National Syrien a demandé à la Ligue Arabe un transfert du dossier syrien aux Nations Unies, ou du moins une demande d’assistance de l’organisation onusienne pour l’observation et la protection des civils, rappelant que le protocole arabe incluait le retrait des troupes de l’armée syrienne des villes et la libération de plus de 15000 détenus. Deux accords que le régime n’a guère respectés.

Par ailleurs, même si l’efficacité des observateurs ne semble pas faire ses preuves, leur présence a néanmoins permis la plus grande mobilisation depuis le début de la révolution syrienne. Plus de 400 points de manifestations ont été repérés vendredi dernier (30 décembre) avec au moins 3 millions de manifestants à travers le pays réclamant la chute du régime Assad. La carte interactive (sur ce lien) montre les lieux où les manifestants se sont rassemblés.

Le même scénario s’est reproduit vendredi 6 janvier (carte interactive), même si le matin une explosion criminelle a fait des victimes dans la capitale Damas. Certaines vidéos montrent comment les autorités syriennes ont truqué (avec peu d’expertise) les images en provenance des scènes de l’explosion. Ici nous voyons un policier se redresser après avoir été filmé en tant que blessé, puis un « journaliste» posant des sacs à côté d'une mare de sang, et enfin un mini bus dans lequel ont été déposés des boucliers et autre matériel de police pour faire croire qu'il avait été visé par l’attentat. Cette mise en scène prise par erreur par un média libanais (la chaîne NTV pro-régime syrien), qui couvrait en direct, lève toute possibilité de doute quant aux responsables de l'explosion...


A Homs, capitale de la révolution, l’arrivée des observateurs a permis un rassemblement devant une position militaire. Pour la première fois depuis des mois, les soldats n’ont pas ouvert le feu sur les manifestants ainsi que le commente l’homme qui filme la scène et qui s’adresse aux soldats: « nous sommes vos frères, pourquoi vous nous tuez ? Vous êtes des traîtres !»


A Homs, dans un autre quartier, des observateurs rendent visite à trois familles qui ont perdu leurs pères, tués par des snipers du régime. Un citoyen leur montre le pain que les gens assiégés mangent.


A Deraa au sud du pays (là où la révolution a commencé en mars 2011), un observateur demande aux personnes rassemblées autour de lui de bien documenter les informations sur les disparitions. Il précise qu’il n’y a pas une famille qu’il a rencontrée dans la ville qui ne compte pas un membre tué ou détenu.


La résistance des syriens au régime prend de nouvelles formes. Jeudi 5 janvier, entre 23h et minuit, des manifestants dans la plupart des villes du pays ont tapé sur des casseroles et autres ustensiles de cuisine pour dénoncer les crimes des services de renseignement. Une forme d’expression qui rappelle les manifestations citoyennes en Argentine et au Chili durant les dernières années de la dictature des généraux et de Pinochet.


La révolution rentre donc dans une nouvelle phase, et les syriens sont convaincus que 2012 sera une année décisive. Ils promettent à Bachar Al-Assad de rejoindre les 4 despotes déchus en 2011.

2 commentaires:

  1. Maisons détruites, enfance brisée ...on dirait Gaza mais non c'est Assad qui tue ...et le silence ou la complicité de certains pays nous renvois à même la tragédie palestinienne
    http://www.youtube.com/watch?v=DjiyBTTjvrQ&context=C3fb72acADOEgsToPDskKVyvq3WSVVaxfb53RHgGjn

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  2. Aujourd'hui la Syrie est le nouveau Gaza, WORLD WAKE UP !!

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