«Je ne savais pas, que les corps des femmes étaient destinés à être des musées de tragédies, comme si nous devions porter la mer sans nous noyer!», tel est l’extrait du poème de la nigériane Hjeoma Umebinyuo inaugurant le quatrième roman de l’écrivain soudanais Hammour Ziada, récompensé du prix Naguib Mahfouz en 2014, et traduit aujourd’hui en français.
Nous sommes en mai 1969, alors que le Soudan connait
un coup d’Etat, les habitants du village de Hadjar Narti situé à «deux
jours et demi en bus» de la capitale Khartoum repêchent le corps d’une
femme flottant sur le Nil. Ce n’est pas la première fois que ce dernier remonte
à sa surface des cadavres féminins dont la destinée prend brutalement fin sur
ces berges. L’agitation s’empare du village et une période de deux jours est
fixée pour l’identifier avant l’enterremen